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MONNAIES ANTIQUES (2)

Attention aux fausses monnaies antiques ! (2)

Par Jacques MANDORLA

Auteur du livre « 60 trésors fabuleux à découvrir »

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Éditions Trajectoire - 272 pages - 356 illustrations en couleurs - 25 € - Livre disponible sur www.amazon.fr, www.fnac.fr et en librairie

L’imagination débordante des faussaires

Si Crésus a trouvé momentanément la parade pour écarter les faux-monnayeurs, ces derniers ont toujours été très créatifs : voici les principales techniques qu’ils ont utilisées, à travers les siècles, pour fabriquer de fausses monnaies.

Polycrate, tyran grec qui a régné sur l’île de Samos vers 530 av. J.-C., est le premier faussaire connu. Il fait frapper des monnaies dont l’intérieur (appelé « flan » ou « âme ») est réalisé en cuivre ou en plomb qu’il fait ensuite plonger dans un bain d’or ou d’argent afin de la recouvrir d’une fine pellicule ! Ces monnaies sont dites « saucées ». Si l’âme est recouverte manuellement d’un métal noble, on parle de monnaie « fourrée ». Dans l’Antiquité, les contrôleurs, lorsqu’ils avaient le moindre doute à propos d’une pièce, n’hésitaient pas à la couper à la cisaille pour vérifier si elle était fausse ! Puis, pour éviter qu’elle ne soit remise en circulation, ils la perçaient d’un trou très visible (certains auteurs ont pensé, par erreur, que ce trou avait été créé afin de porter la pièce en pendentif autour du cou).

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Faux statère grec : la pièce a été coupée à la cisaille, faisant apparaître un métal de faible valeur sous la mince feuille d’argent en surface. Puis, pour éviter qu’elle ne soit remise en circulation, on l’a percée d’un trou.

 

Le faussaire le plus célèbre de l’Antiquité est le philosophe Diogène (413-327 av. J.-C.) : dans sa cité de Sinope, située au bord de la mer Noire (au nord de l’actuelle Turquie), il a été accusé de fabriquer de la fausse monnaie avec son père… qui exerçait le métier de banquier ! Pour échapper à la prison, Diogène doit se sauver : il se réfugie alors à Athènes où il va vivre dans le dénuement le plus total. Déambulant toujours pieds nus, quelle que soit la saison, il dort dans un gros tonneau en terre cuite et parvient à survivre tant bien que mal en faisant la mendicité.

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Le philosophe Diogène fut le plus célèbre faux-monnayeur de l’Antiquité (tableau de Jean-Léon Gérôme - 1860 - Walters Art Museum, Baltimore, USA).

 

Pendant la période dite de la « République romaine », qui s’étale de 509 à 27 av. J.-C., apparaît le denier d’argent dentelé, nommé « denier serratus » (« serratus » signifiant « scié » en latin) dont le pourtour comporte de nombreuses entailles, créées volontairement afin d’empêcher les tricheurs de rogner le métal argent et de fondre ensuite la poudre ainsi récoltée !

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« Denier serratus » de Marius Capito, frappé en 80 av. J.-C.

 

Autre technique très utilisée par les faux-monnayeurs dans le but de tromper les collectionneurs : créer des types monétaires totalement inédits comme, par exemple, des monnaies avec le portrait de Périclès ou d’Hannibal, alors que ces personnages n’ont jamais été officiellement représentés sur des monnaies !

Les faussaires ont mis au point deux techniques : soit ils effacent le revers à coup de marteau, puis frappent un nouveau revers à l’aide d’un coin original, soit ils coupent deux monnaies antiques dans l’épaisseur de leur tranche, assemblent l’avers de l’une avec le revers de l’autre qu’ils soudent ensuite ensemble. Le tour est joué !

 

Les faussaires risquent gros !

Les sanctions contre les faux-monnayeurs ont toujours été implacables, quelles que soient les époques.

Sous l’empereur romain Constantin (272-337 après J.-C.), ils étaient brûlés vifs. Au Moyen Âge, dans toute l’Europe, ils étaient ébouillantés puis pendus (une double peine, en quelque sorte !) : en effet, les rois ayant seuls le droit de battre monnaie, toute contrefaçon était alors considérée comme un crime de lèse-majesté.

Puis, en France, après la Révolution, le châtiment est fonction du type de monnaie. Celui qui fait de la fausse monnaie d’or ou d’argent est condamné à la peine de mort, à laquelle s’ajoute la confiscation générale de ses biens. S’il crée de la fausse monnaie en cuivre ou en billon (alliage de cuivre et d’argent), il est condamné aux travaux forcés à perpétuité. Après 1832, le châtiment se transforme en peine de perpétuité au bagne.

De nos jours, les peines sont encore lourdes : l’article 442-1 du Code pénal stipule que « tout faux-monnayeur peut être condamné à 30 ans de réclusion criminelle et à 450 000 euros d'amende pour la contrefaçon ou la falsification des pièces de monnaie ou des billets de banque ayant cours légal en France ou émis par les institutions étrangères ou internationales habilitées à cette fin ».

Dans le prochain article : « Bien faire la différence entre fausses monnaies et imitations ».

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