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  • MEL FISHER ET LE TRÉSOR DE L'ATOCHA (1)

    Poursuivant son rêve d'enfant, Mel Fisher a retrouvé l'épave de l'Atocha... et son fabuleux trésor ! (1ère partie)

    Extrait du livre de Jacques Mandorla

    "60 trésors fabuleux à découvrir"

    (Éditons Trajectoire)

    272 pages - 356 illustrations en couleurs - 25 €

    Disponible sur www.amazon.fr, www.fnac.fr et en librairie

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    450 millions de dollars au fond de la mer : ce chiffre représente la valeur des objets de la fabuleuse épave du galion espagnol Nuestra Señora de Atocha, remontés à la surface par l’Américain Mel Fisher.

    Il fait vraiment très chaud ce 20 juillet 1985 à Key West, en Floride. Mel Fisher est tranquillement assis dans son bureau climatisé : il est 13h05. Soudain, le téléphone sonne. À l’autre bout du fil, son fils Kane s’écrie : « Papa, tu peux jeter les cartes marines à la poubelle : on a trouvé l’Atocha ! ». Pour Mel Fisher s’achève alors une très longue quête de plus de 20 années dans les eaux chaudes de Floride.

    Mel Fisher est né en 1922 dans l'Indiana. La Seconde Guerre mondiale interrompt ses études d'ingénieur-mécanicien à l’Université de Purdue. Pour pouvoir vivre, il crée alors, avec sa jeune épouse, un club de plongée. Au bout de quelques années, Fisher souhaite rompre la monotonie de ce travail. Le déclic survient le jour où il discute avec des plongeurs qui viennent de trouver des pièces d’or dans une épave, au large de Miami. Fisher, plongeur professionnel aguerri, est persuadé de pouvoir en faire autant. C’est pourquoi, en 1962, il fonde avec cinq amis plongeurs une société au nom évocateur : la « Treasure Salvors » (les Sauveteurs de Trésors). Hélas, les premières épaves qu’ils fouillent ne fournissent aucune trouvaille de valeur.

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    Mel Fisher (à gauche) et ses deux fils Kim (au centre) et Kane (à droite). En arrière-plan, deux « mail box », inventées par Fisher.

    Une invention géniale : la "mail box"

    Mais Fisher est quelqu’un d’obstiné et d’inventif : il cherche alors une idée originale qui permette de mieux explorer les fonds marins. Utilisant ses connaissances en mécanique, il met au point un appareil étonnant, qu’il surnomme « mail box » (car il ressemble à une boîte aux lettres américaine), qui va révolutionner les techniques de prospection sous-marines. Il s’agit d’un grand tube métallique coudé, renfermant une énorme hélice qui propulse l'eau de la surface vers le fond marin, afin de dégager la vase ou le sable : grâce à cet engin, les objets précieux apparaissent facilement à la vue des plongeurs.

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    Dessin expliquant le fonctionnement d’une « mail box ».

    Mon ami Michel Bagnaud, le spécialiste du trésor de l’île des Cocos, a raconté dans son livre « Profession : inventeur de trésors », comment cette « mail box » géniale donne très vite d’excellents résultats : « Les 24 et 25 mai 1964, Fisher met au jour près de 2 000 escudos d'or en parfait état. Un mois plus tard, il découvre des chaînes en or de plusieurs mètres de long et deux gros disques en or massif. Devant les journalistes médusés, il proclame alors qu'il a remonté pour un million et demi de dollars d’objets, mais qu'il compte en trouver beaucoup plus en se lançant à la recherche de l’épave la Nuestra Señora de Atocha, qui contient au moins 300 millions de dollars ! ».

    La loi fédérale très avantageuse de l'État de Floride

    Pour retrouver l’épave de l’Atocha, Fisher loue une concession maritime à l’État de Floride, en sélectionnant une zone très étendue au large de Key West. Il profite du fait que la loi fédérale de l’État de Floride est très avantageuse : elle laisse, en effet, 75% de la valeur des trouvailles aux inventeurs (découvreurs) alors que l’État de Floride se contente seulement des 25% restants.

    Dans les autres pays, la règle en usage est fondée sur un partage à 50/50. Sauf en France où, depuis 1989, l’État s’attribue l’entière propriété des trésors sous-marins gisant dans nos eaux territoriales ! Cette loi ayant eu le désastreux effet d’augmenter les pillages d’épaves, fouillées sans demande d’autorisation préalable, l’État français s’est engagé en 1996 à verser une prime à tout découvreur, prime pouvant aller jusqu’à 30 000 euros selon l’intérêt scientifique de la trouvaille. Prime considéré comme insuffisante par les chercheurs de trésors.

    Une plongée dans les archives

    Ayant obtenu sa concession auprès de l’État de Floride, Fisher se met à la recherche de l’Atocha. Les premiers mois sont décevants : il ne trouve absolument aucune trace du galion espagnol.

    Le destin vient alors au secours de Fisher : un jour, à Vero Beach, la ville de Floride où il réside, Fisher rencontre par hasard un certain Eugene Lyon, en train de s'affairer avec son détecteur de métaux sur la plage. Lyon est un brillant érudit : il sait lire l'espagnol ancien et se rend régulièrement aux Archives générales des Indes, situées à Séville en Espagne, afin d’y consulter des documents des conquistadors espagnols dans le but de rédiger la thèse de doctorat d'Histoire qu’il prépare. Fisher le charge alors d’aller trouver des informations sur le naufrage de l'Atocha, en lui précisant la date de la catastrophe : 6 septembre 1622.

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    Frappée par un ouragan, l'Atocha fait naufrage près de la Floride le 6 septembre 1622.

    La veille de cette date fatidique, 28 bateaux quittent le port de La Havane à Cuba, en direction de l’Espagne. Cette flotte emporte avec elle une fortune colossale : argent de Bolivie, or et émeraudes de Colombie, perles du Venezuela... Mais quelques bateaux ne parviendront jamais à destination : le matin du 6 septembre, un terrible ouragan frappe la flotte au moment où elle se dirige vers la Floride : 8 bateaux disparaissent entre les îles de Marquesas Keys et de Dry Tortugas, à l’ouest de Key West.

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    Eugene Lyon, l'archiviste qui a permis à Mel Fisher de localiser l'épave de l'Atocha.

    Pour essayer de retrouver l’endroit exact du naufrage, Eugène Lyon part à Séville et se plonge dans les archives pendant des semaines. Il finit par tomber sur un document exceptionnel : le manifeste de connaissement, c’est-à-dire la liste du chargement enregistré au moment où l’Atocha appareille de Carthagène, en Colombie, pour se rendre en Espagne.

    La lecture de ce document donne le vertige à Fisher ! Voyez plutôt : l’Atocha emporte officiellement 1 038 lingots d’argent d’un poids total de 24 tonnes, 180 000 pesos en pièces d’argent, 582 lingots de cuivre, 125 lingots et disques d’or, 350 balles d’indigo (une teinture rare et très appréciée à l’époque), 525 balles de tabac, 20 canons de bronze, 600 kilos d’objets en argent et des dizaines de milliers de pièces d’or !

    Un trésor phénoménal qui sera remonté à la surface quelques années plus tard !

    À SUIVRE