Mystérieux codes secrets
et caches à trésors (4ème et dernière partie)
par Jacques Mandorla, auteur du livre "60 trésors fabuleux à découvrir - Leur histoire détaillée - Leur composition précise - Leur localisation supposée"
Éditions Trajectoire - 272 pages - 356 illustrations en couleurs - 25 €
Livre disponible sur www.amazon.fr
Après avoir étudié, dans l'article précédent, l'énigme de l'étrange pierre tombale de Rennes-le-Château (1886), intéressons-nous à celle des étonnantes pierres gravées de l’abbaye de Saint-Wandrille (1954).
Rappelons qu’aucune recherche trésoraire, avec ou sans détecteur de métaux, ne peut être effectuée sur l’ensemble des sites évoqués dans cet article, sans l’autorisation préalable des propriétaires des lieux.
Les 25 pots manquants du trésor de Saint-Wandrille (1954)
Saint-Wandrille-Rançon est un petit bourg de 1 200 habitants, situé à 35 km de Rouen en Seine-Maritime. Son patronyme vient de Wandrille, ancien ministre du roi Dagobert et fondateur en 649 de l’abbaye de Fontenelle, du nom du cours d'eau qui la borde.
Le 11 mars 1954, des louveteaux de Saint-Wandrille font leur sortie hebdomadaire habituelle, sous la direction du révérend Donaint qui organise une course au trésor destinée à trouver des fleurs dans les bois qui entourent l'abbaye. En longeant le mur d’enceinte, l’un des enfants, Jean-Pierre Mazé, remarque une pierre qui porte un signe mystérieux. Il la descelle et découvre alors, derrière, un petit pot rempli de pièces d’or !
Pris au jeu, les louveteaux continuent à inspecter minutieusement le mur : Pierre Lemonsu et Jacques Blot voient une nouvelle pierre marquée d'un signe, puis une troisième. Les louveteaux, âgés de 12 et 13 ans, sont parvenus, en seulement quelques heures, à trouver trois pots en terre cuite, hauts d’une vingtaine de centimètres, fermés par une épaisse feuille de plomb scellée avec de la cire et pleins de pièces d’or !
Incroyable : cette chasse au trésor, qui était un simple jeu de scouts, a abouti à la découverte d’un véritable magot composé de pièces d’or ! On peut se demander pourquoi le trésor était dissimulé à l’extérieur du mur d’enceinte et non pas à l’intérieur, c’est-à-dire dans la propriété même de l’abbaye. Certains pensent que l’enfouisseur ne faisait pas partie de l’abbaye, mais a utilisé le mur comme repère visuel pour y cacher les pots et pouvoir revenir les chercher plus tard. Autre interrogation : les pots étaient situés à moins d’un mètre du sol. Pourquoi ?
Les louveteaux Pierre Mazé, Jacques Blot et Pierre Lemonsu indiquent les emplacements exacts où ils ont découvert les 3 pots remplis de louis d’or.
Chaque pot était caché derrière une pierre portant, gravé dessus, un signe différent : un calvaire, un carré séparé en deux et un cercle avec un point au centre. Il est évident qu’il s’agit là de repères indiqués par l’enfouisseur pour lui permettre de retrouver très rapidement les pots. Les louveteaux ont cherché d’autres symboles sur le mur d’enceinte, mais ils n’en ont, hélas, pas trouvés.
Deux des pierres de Saint-Wandrille, derrière lesquelles étaient cachés les pots : l’une portait un calvaire, l’autre un carré séparé en deux. Sur la troisième pierre : un cercle avec un point au centre.
Étrangement, les trois pots contenaient exactement le même nombre de monnaies : 167 chacun ! Ces 501 pièces sont toutes des louis d’or, à l'effigie d’un même roi : Louis XV. Sur ces monnaies, on lit à l'avers la légende : « LUD XV D G FR ET NAV REX » (Louis XV par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre). Au revers, on reconnaît les écussons ovales de France et de Navarre surmontés d'une couronne, avec la légende : « CHRS REGN VINC IMPER » (Le Christ règne, vainc, commande).
On peut avoir une idée précise de la valeur actuelle du trésor de Saint-Wandrille car des pièces, à peu près identiques (même millésime, même atelier, même qualité) à celles trouvées à Saint-Wandrille ont été vendues aux enchères le 12 décembre 2008 à Drouot : la valeur totale des 501 monnaies, découvertes par les louveteaux, dépasserait aujourd’hui le million et demi d’euros !
Frappé à Paris (atelier A) en 1741, ce louis d’or dit « au bandeau » et à l’effigie de Louis XV a été vendu 3 500 euros à la vente du 12 décembre 2008 à Drouot.
Il resterait 25 autres pots à découvrir !
Dans l’euphorie générale, engendrée par la trouvaille du trésor, un fait extraordinaire a été passé sous silence : le jour de la découverte, Jean-Pierre Mazé aurait confié à un ami avoir trouvé, coincé sous le fil de fer de l’un des pots, un parchemin indiquant 28 emplacements de caches. Si ce fait est avéré, il resterait donc encore 25 pots à rechercher, mais ailleurs que dans le mur puisqu’il n’y avait que trois signes apparents sur les pierres, tous repérés par les louveteaux !
Il paraît invraisemblable que ce document, d’une valeur inestimable, ait pu être perdu ! N’aurait-il pas été discrètement conservé par les louveteaux, afin de leur permettre d’effectuer de nouvelles recherches, un peu plus tard et en toute discrétion ? Si cela a été le cas, aucune information concernant la découverte de nouveaux pots, aux alentours des ruines de l’abbaye, n’a filtré depuis 1954.
La découverte d'un 4e pot !
En 1996, mon ami l’historien spécialiste des trésors Didier Audinot (aujourd’hui disparu) signale dans son ouvrage Manuel de détection et de chasse aux trésors, livre qu’il m’avait amicalement demandé de préfacer : « Plus tard, en 1989 ou 1990, plus de trente ans après la trouvaille des trois pots, un prospecteur avisé, dont le nom ne sera jamais connu, repéra une quatrième pierre à signe qui n'avait jamais été aperçue jusqu'alors, car elle se trouvait dissimulée par un buisson d'épineux fort anciens. De nos jours, le buisson a disparu et la croix sous laquelle creusa le chanceux est encore bien visible au ras du sol. Il ne s'agissait pas cette fois-ci d'un trésor emmuré, mais enterré. Le trou alors pratiqué par ce chercheur des années 1980 est encore visible : il est parti sans le reboucher. Il est évident que si notre homme a creusé ainsi à plus de 80 centimètres de profondeur, c'est parce que son détecteur lui avait signalé une présence métallique. Juste en face de cette cache souterraine, à 13 mètres de distance environ dans les bois avoisinants, on peut remarquer une pierre blanche solidement fichée en terre et dépassant du sol de 30 centimètres environ. Si l'on gratte la mousse qui la recouvre, on peut distinguer une croix exactement identique à celle qui ornait le mur, juste au-dessus de la quatrième cachette. Celui qui, vers 1758, avait dissimulé son or sur les bords de Saint-Wandrille, dans le mur et sous la terre, avait pris toutes ses précautions pour pouvoir, le jour voulu, récupérer son or. Belle leçon : en plus de trente ans, des centaines de prospecteurs avaient visité ce mur. Tous eurent le même réflexe : contourner le buisson d'épineux qui cachait le quatrième signe ! ».
Personne n’a jamais revendiqué la mise au jour de ce quatrième pot : au cours d’un déjeuner en tête-à-tête, j’ai demandé à Didier Audinot s’il n’en était pas lui-même le découvreur ! Il m’a assuré que non.
Resterait-il encore 24 pots à rechercher près de l’abbaye de Saint-Wandrille ? FIN DE LA SÉRIE DES 4 ARTICLES